Stérilisation précoce et le coronavirus félin
28/01/2023
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La stérilisation précoce:
Un éleveur commence à connaître ses lignées à partir de 11/12 ans d’activité quand nous avons des chats considérés senior nés à la chatterie. Nous avons la possibilité d’avoir des feedbacks sur la santé de nos chatons devenus senior. On commence aussi à connaître toutes les particularités de chaque lignée de la race et les meilleurs mariages. Un éleveur qui commence et qui est sérieux et motivé, aura étudié, fait ses recherches, mais c’est l’expérience et l’observation de la santé des chats nés à la chatterie, qui va confirmer les résultats du travail effectué.
En plus du danger concernant la mutation du coronavirus félin suite à un enchaînement de stress au moment du départ du chaton de la chatterie, avec du recul, je mets en question la pratique de la stérilisation précoce pour plusieurs raisons que je vais énumérer sur cet article.
Tout d’abord, les hormones de la puberté freinent l’hormone de croissance chez les mammifères : chez l’humain, les individus vont arrêter de grandir une fois que les changements de la puberté sont mis en route. Chez le chat, le même phénomène a lieu sauf que si les hormones de puberté sont coupées a un très jeune âge, l’hormone de croissance va agir plus longtemps et le manque de testostérone et des autre hormones de puberté, vont favoriser une croissance basée sur un tissus adipeux plus important et une prise de poids.
La testostérone est l’hormone qui favorise la constitution d’une bonne masse musculaire et le sibérien est un chat particulièrement musclé avec son corps en forme de tonneau et c’est un énorme avantage pour le chat qui est un animal qui peut sauter 5/6 fois l’hauteur de son corps. La stérilisation précoce ne représente pas un souci à court terme, mais nous produisons des chats plus gras avec une masse musculaire très réduite comparé à un chat qui a eu une évolution normale ce qui peut être dangereux avec l’âge : obésité et problèmes articulaires, problèmes de hanche, mobilité réduite, etc.
De nos jours, on parle beaucoup de “fitness” et nous savons qu’un corps musclé va bénéficier d’un métabolisme basal plus élevé et une consommation de calories plus importante, donc un chat qui a eu une évolution normale et par conséquent un corps plus musclé, pourra brûler plus de calories.
Il y a aussi une question esthétique vu que la tête du chat mâle risque de ne pas se développer de la même façon, restant plus petite par rapport au corps qui grandit plus en devenant plus gras. Nous avons également remarqué que les mâles stérilisés trop tôt étaient plus sujet à des problèmes urinaires.
Les principaux avantages de la stérilisation précoce sont par rapport aux chats qui sortent en extérieur vu qu’un chat non stérilisé risque de se bagarrer et d’aller loin en quête de partenaires. Les femelles risquent des gestations non désirées et la stérilisation précoce sert aussi à protéger le travail de l’éleveur et empêcher que des mariages soient faits avec des chats destinés à la compagnie. La stérilisation précoce aide à protéger la race et éviter que des particulier qui ne connaissent pas la race se lancent à faire des portées sans avoir les connaissances requises et sans effectuer les tests de routine.
Si on pense seulement à la santé du chaton en question et vu que le Sibérien a une croissance longue ce qui va nous permettre d’attendre que son évolution naturelle puisse avoir lieu sans avoir des soucis de marquage sexuel, l’idéal est de stériliser son chat entre 10 mois et 1 an.
Il faut aussi savoir que nous, éleveurs, nous avons des contrats nous-mêmes auprès des éleveurs russes qui nous ont confié leur lignées et nous ne pouvons pas vendre un chaton non stérilisé avec son LOOF justement pour empêcher toute reproduction faite qui risquerait d’aller contre les contrats que nous avons déjà en place. Par exemple une portée avec un chat destiné pour la compagnie qui risque de ne pas avoir toutes les qualités requises pour être un reproducteur ou bien encore par exemple un mariage avec un chat Neva.
Chez Damman Amur, tous nos reproducteurs ont leur carte d’identité génétique et la filiation des chatons est prouvée génétiquement ce qui nous permet de vendre des chatons qui partiront avec le pedigree des parents, mais ne sont pas eux même LOOF justement pour qu’on puisse préserver sa santé sans mettre la race en danger ou bien le travail et les engagements de l’éleveur. Parfois nous avons dans une même portée des chatons qui seront LOOF parce qu’il seront des futurs reproducteurs et des frères et sœurs qui partiront en type Sibérien, la qualité est la même mais les chats destinés à la reproduction ou concours auront besoin de leur pedigree tandis qu’un chat pour la compagnie a besoin d’un développement normal et ayant la filiation prouvée, pas besoin forcément d’un pedigree. Il est toujours possible de stériliser un bébé à la demande du client dans certains cas et il sera LOOF, mais je privilégie les mâles issus de lignées qui n’ont pas un gabarit imposant par exemple.
Encore sur le même sujet de la stérilisation précoce, il faut aussi prendre en considération le souci du coronavirus félin.
Le coronavirus félin:
La PIF (péritonite suite à la mutation du Corona virus félin) n’est désormais plus une menace mortelle vu que maintenant il y a un traitement très efficace vendu en France avec un taux de réussite important qui arrive à 95 % de succès quand le chat est traité rapidement et à un prix très abordable. Votre vétérinaire peut le prescrire. Il s’agit d’un traitement administré oralement.
Cela dit, l’idéal reste la prévention et il est important de connaître le problème et d’observer un chaton qui montre des signes de fatigue ou de manque d’appétit.
Je souhaite quand même expliquer le coronavirus félin à mes clients pour qu’ils puissent comprendre l’enjeu et pour que nous puissions choisir ensemble entre la stérilisation précoce (chaton LOOF) et un chaton non stérilisé qui partira en tant que “type Sibérien” et stérilisé plus tard entre 8 mois et 1 an par le client pour qu’il puisse avoir une évolution normale et aussi dans le cadre de la prévention par rapport au corona.
Pour les chatons qui partent en “type Sibérien”, ces chatons même s’il ne sont pas stérilisés ne sont pas des chats destinés à reproduire : vous pouvez mettre en risque à la fois la vie de votre chat (la mise-bas, PIF suite au stress et fatigue liés à la mise-bas, etc) et la race (risque de laisser entrer des maladies héréditaires avec des mariages inappropriés) ou bien vous risquez d’avoir un chat qui va devenir malpropre et qui fera du marquage sexuel (les femelles marquent aussi et peuvent faire pipi partout pour attirer un partenaire) ou un mâle qui partira loin à la moindre opportunité, à la recherche de partenaires et qui risque gros aussi: bagarres, routes, maladies comme le FIV et Felv, etc.
Le coronavirus félin est un virus intestinal très répandu entre les félins vivant en collectivité. On estime que 95 % de la population mondiale féline porte le corona virus ou ont déjà été porteurs à un moment de leur vie. Le corona sous sa forme intestinale est un virus sans danger pour le chat et presque asymptomatique. Le seul symptôme étant parfois un peu de diarrhée sans gravité.
Sauf que le corona chez un bébé qui a un système immunitaire qui n’est pas encore entièrement bâti et mûr (aussi chez les chats âgés qui eux risquent d’avoir un système immunitaire qui fatigue), le corona peut trouver une “porte ouverte” pour envahir le corps du chaton et muter vers une maladie qui jusqu’à 2020 était fatale, la PIF. De nos jours un traitement existe avec un taux de réussite très haut quand la maladie est détectée rapidement.
Des études ont estimé que le pourcentage de chats porteur d’un corona intestinal qui peut muter vers la PIF est de 3% à 5%. La chirurgie de stérilisation chez un chaton de 12 semaines peut entraîner une grande fatigue et un stress et le corona étant un virus opportuniste peut profiter de cette fatigue pour muter. Les vaccins tels que le vaccin de la rage ou la leucose représentent aussi un danger vu que ce sont des vaccins costauds qui vont affecter le système immunitaire du chaton. Il est important d’établir un calendrier de vaccination raisonnable et d’éviter de faire un grand nombre de vaccins sur un bébé de seulement 12 semaines. Il faut un calendrier de vaccination adapté comme on fait pour les enfants humains. Il faut savoir qu’un chat d’appartement qui n’a pas de contact avec d’autres chats n’a pas besoin d’être vacciné pour la rage ou pour la leucose.
Le corona est transmis de chat à chat par les selles (partage de litière) mais aussi par la salive. Vu que le virus est très contagieux, on retrouve des porteurs partout en refuges, élevages, la population de chats de rue et chez des particuliers. On peut aussi trouver le corona chez les particuliers qui font parfois une seule portée par an. Si la mère est porteuse du corona et excrétrice (ce qui est souvent le cas après la mise-bas) dans ce cas, le seul moyen pour obtenir un bébé qui ne sera pas porteur est de séparer la mère de ses bébés dès que les bébés commencent à marcher. Sauf que pour obtenir un chaton sociable et bien dans ses baskets, le chat doit pouvoir vivre avec sa mère au moins 12 semaines. Je ne sépare en aucun cas la mère de ses bébés.
Chez Damman Amur, j’obtiens une moitié de bébés qui ne portent pas le coronavirus (parce que la mère n’est pas porteuse) . Ces bébés peuvent être stérilisés sans danger par rapport au corona mais il y a aussi la question de son développement s’il ne passe pas par la puberté.
Je déconseille fortement la stérilisation précoce d’un bébé femelle porteuse du virus : pour la femelle, la chirurgie de stérilisation est plus lourde, avec une vraie incision abdominale, elle sera endormie plus longtemps et il y aura une collerette pour empêcher le léchage de la plaie. Elle aura aussi son rappel de vaccin, elle aura des antibiotiques en prévention post chirurgicale et l’antibiotique va forcément déstabiliser la flore intestinale (hors le corona est un virus intestinal et on veut une flore saine et performante) et ensuite elle partira dans une nouvelle maison ce qui représente aussi un stress et une fatigue. Donc il faudra plus de prudence avec les femelles.
En sachant que le virus est très répandu et que très peu d’éleveurs parlent du problème (soit par peur de faire fuir les clients ou bien parce que les risques sont assez bas et il faut beaucoup de temps pour expliquer le corona à chaque client), sur 10 chatons adoptés toutes races confondues (que ce soit en élevage, refuge ou chez les particuliers) 8 à 9 seront porteurs et ceux qui ne le sont pas, ont peut-être été séparés de leur mère très jeune ce qui peut être la source de trouble du comportement assez graves (agressivité, tendance au stress, malpropreté etc).
J’estime qu’il faut parler du corona félin et je souhaite expliquer le problème dans le but d’une transparence totale et aussi en prévention, car le chat pourrait aussi être contaminé à un autre moment de sa vie et si vous êtes au courant et si vous prenez certaines précautions, cela peut être évité. Pour moi en tant qu’éleveur, il est bien plus facile de vendre un chat déjà stérilisé avec son pedigree LOOF, car je dois aussi protéger la race de gens qui feront des mélanges et mariages sans avoir les connaissances requises et laisser des maladies héréditaires s’introduire dans la race.
La décision de ne plus stériliser tous les chatons systématiquement, n’a pas été simple et il a fallu beaucoup d’investissement comme un contrat sur mesure établi par un avocat pour les chats vendus “type Sibérien”. Dans le but de protéger tous mes chatons, la race et mes clients, j’ai adopté ce système de sélection sur mesure dans le but de réduire les risques au maximum. Les risques de mutation sont assez bas : on estime que 3 % à 5 % des chatons porteurs pourront développer la PIF. Cela représente tout de même sur chaque 100 chatons nés, 3 à 5 chatons qui peuvent subir une mutation du Corona.
Sachez aussi que la loi en France garanti un chaton pour la PIF pendant seulement 21 jours et que la mutation du corona est souvent plus longue, donc un chaton qui tombe malade un ou deux mois après son adoption, ne sera pas couvert et la responsabilité de l’éleveur n’est pas engagée et cela tout simplement parce qu’une fois que le chat part, il devient la responsabilité de ses propriétaires et on ne peut pas savoir quel genre de stress ou fatigue le chat a subi comme par exemple: vaccins supplémentaires faits sans consentement de l’éleveur etc.
Voici comment protéger son chat:
Il faut éviter toute situation qui peut représenter une grosse fatigue ou un grand stress pour le chaton jusqu’à l’âge d’un an : voyages, garde en pension, longue absence de la famille.
Le bac à litière doit être toujours très propre et les crottes enlevées régulièrement et nettoyé à l’eau bouillante ou l’eau de javel et rincées abondamment au moins 2/3 fois par mois (ça évitera une recontamination) et facilitera l’élimination du virus. Chez le particulier qui a seulement 1 ou 2 chats, l’élimination du virus est plus facile et si la litière reste propre, que le chat est bien nourri et aimé, il se débarrassera du virus assez rapidement.
Si vous visitez des amis ou famille en week-end qui possèdent un chat, ne les laissez pas partager la litière, les gamelles ou encore les jouets “bavés”.
Si vous allez chez le vétérinaire, car votre chat est malade pour n’importe quelle raison, prenez votre propre thermomètre avec vous, car il va falloir prendre sa température ; ou bien vous pouvez nous demander une puce électronique qui peut lire la température du chaton (avec un supplément).
Certains éleveurs disent que la stérilisation précoce n’a pas de lien avec la PIF : c’est faux et ces éleveurs soit, manquent d’expérience ou bien, ils n’ont rien à craindre vu qu’ils séparent la mère et les chatons une très grande partie de la journée ou séparation définitive dès la première semaine. Or, un bébé a besoin de sa maman à temps complet pour qu’il puisse devenir un chat bien dans ses baskets, équilibré et sain d’esprit. Ou bien, ils vont dire qu’il y a des soucis sanitaires dans les chatteries ou il y a eu un cas ce qui est aussi faux, car il n’y a pas de chatterie plus propre ou mieux équipée que la mienne : j’ai passé il y a quelques semaines, un contrôle surprise de la DDCSPP du Cher et il n’y a eu aucune remarque ou amélioration demandée avec rapport en appui. Combien d’élevages pourront dire de même ? Quand on parle de corona, c’est tout simplement une question de statistique : tout va bien et soudainement, il y a un cas et personne n’est à l’abri. Il faut miser sur la prévention.
Autre point important : je ne gagne rien en travaillant de cette façon vu que je repasse tout ce que je ne dépense pas avec le pedigree et stérilisation sous forme de remise. Je gagne par contre le plaisir d’accompagner mes clients et mes chatons et de savoir qu’ils sont bien. Coté fiscal et sanitaire : Tout chaton identifié “existe” aussi bien pour la DDCSPP (contrôle sanitaire) que pour les impôts, donc pour un professionnel, c’est l’Icad qui va déclarer de façon officielle l’existence d’un chaton et non le LOOF qui reste le “Livre des origines” et qui s’occupe du registre de la généalogie du chaton seulement.